Rendez-vous IFLS (3) : 5 questions à...Emmanuelle Evina
Aujourd'hui, suite et fin de cette série consacrée au Rendez-vous de l'IFLS sur la crise et les classes moyennes avec 5 questions à Emmanuelle Evina.
Emmanuelle est directrice de la communication de l'IFLS et son parcours lui permet d'avoir une analyse juste et objective des évolutions récentes de la consommation et du comportement des consommateurs.
1/ Bonjour Emmanuelle, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de ce blog ?
Je suis directrice de la communication de l’IFLS mais avant tout journaliste de formation, plus particulièrement spécialisée dans le retail puisque j’ai travaillé pendant 7 ans à LSA avant de devenir rédactrice en chef de Points de Vente. Je suis également conseillère éditoriale pour Zepros Métier Distri, le premier journal de presse professionnelle gratuit, diffusé dans les hypers et supermarchés qui apporte de l’info à tous ceux qui travaillent dans la grande distribution mais n’ont pas accès à la presse professionnelle.
2/ Vous avez organisé avec L'IFLS une conférence le 26/10/2012, qu'avez-vous pensé des déclarations des différents intervenants et quels enseignements en tirez-vous ?
Ce qui m’a frappé dans les déclarations de tous, c’est leur refus d’être alarmistes, même si tous reconnaissent que nous vivons aujourd’hui une crise profonde. Tristan Benhaïm, Vice-président de Sociovision a expliqué que la société française s’était fragmentée. D’où la difficulté pour les enseignes qui ont toujours fait du mass-market. Comment vont-elles réussir à s’adapter à cette nouvelle donne. Qui plus est, Jean-Pierre Gaucher, DGA de Symphony IRI a lui expliqué que la consommation était actuellement littéralement figée. Bref, les Français sont dans le contrôle de ce qu’ils dépensent, mangent, etc. D’où le succès des drives. Ce format plaît non seulement pour sa praticité, mais surtout parce qu’il permet aux consommateurs de contrôler leur budget. J’ai noté également au cours de ce rendez-vous que tous les intervenants étaient contre la stratégie évoquée par Jan Zijderveld, responsable pour l’Europe d’Unilever, qui a affirmé vouloir développer des petits conditionnements en Europe pour répondre à la pauvreté. Visiblement, il semble que l’innovation pour répondre à des attentes très précises des consommateurs soit une meilleure réponse pour stimuler la consommation. Serge Papin a par ailleurs rappelé son attachement qui tourne aujourd’hui au combat pour les PME françaises. C’est plus qu’une profession de foi, c’est un véritable acte politique et nous avons tous compris qu’il existait un réel danger aujourd’hui de voir s’effriter ce tissu de PME si rien n’est fait pour les soutenir.
3/ Si les lecteurs de ce blog ne devaient retenir qu'une seule phrase dans ce qui a été dit ?
Ce qui m’a le plus frappé est sans doute la fragmentation de la société française, son éclatement comme l’a expliqué Tristan Benhaïm. C’est un phénomène nouveau et très grave car il génère de l’individualisme à outrance, des phénomènes de rejet, notamment des populations émigrées qui n’ont jamais eu cette ampleur depuis que l’Observatoire de Sociovision existe (1975 !!). Autre phrase choc pour moi : « Nous laissons tomber le non-alimentaire » a déclaré Serge Papin. Et de préciser que l’enseigne n’allait pas continuer à se battre pour tenter de vendre des machines à laver ou des téléviseurs face à des spécialistes sans oublier internet qui sont beaucoup plus compétitifs. C’est une petite phrase, mais qui en dit long sur la révolution qui est en train de s’opérer actuellement dans les hypers et supermarchés. C’est un peu la fin du tout sous le même toit !
4/ Quels éléments sont selon vous porteurs d'espoir pour 2013 ?
Je pense que les consommateurs vont continuer à surveiller de très près leur budget. Mais n’oublions pas que nous sommes dans un pays où l’épargne représente presque une fois et demi la dette ! Donc je crois que si les distributeurs et les industriels savent mettre en scène les produits, proposent des innovations de rupture, les Français sont encore prêts à se faire plaisir.
5/ Quelle enseigne vous paraît la plus remarquable dans son adaptation à ces nouveaux et durables comportements du consommateur et pourquoi ?
C’est compliqué de dire qu’une enseigne est plus remarquable qu’une autre. Evidemment, côté prix Leclerc bénéficie d’une image telle qu’aucune autre enseigne ne peut la concurrencer sur ce terrain là. C’est un atout énorme en temps de crise. De son côté, Système U a su jouer la proximité avec ses consommateurs avec des magasins dont le personnel est vraiment à l’écoute, disponible. Serge Papin rappelait que Système U est en recherche permanente d’employé pour ses rayons trad. Ce n’est pas un hasard. Comme les deux autres indépendants, Intermarché tire bien son épingle du jeu et le fait d’avoir ses propres unités de production est sans conteste un réel atout aujourd’hui. Enfin, je mettrais également dans la course Auchan parce que je sais qu’à l’intérieur de cette vaste ruche tous les salariés réfléchissent aujourd’hui aux évolutions et adaptations nécessaires pour suivre le consommateurs dans son nouveau parcours de courses. N’oublions pas qu’Auchan a été la première enseigne à tester le drive. Ce n’est pas un hasard…
Merci Emmanuelle d'avoir répondu à ces questions.
En collaboration avec l'IFLS